Cité Blanche Gutenberg

Cité Blanche Gutenberg

Sacrifice

La feuille blanche se penche sur le côté pour crier sa douleur au porte-plume qui semble noyé dans l’amertume.

 

La feuille blanche, abandonnée à ses idées noires, hurle son désespoir et espère rencontrer rapidement une histoire.

 

La plume s’ennuie, tourne en rond et fait quelques tentatives.

 

Elle virevolte et s’aperçoit en vain que rien ne parvient à la stopper.

 

Comment  poser avec légèreté une lettre ou un mot doux sans offusquer ce morceau de papier ?

 

Serait –elle sensible au point de n’accepter que les idées de ceux  qui lui sont affiliés.

 

Pauvre feuille blanche, marginalisée par ses congénères qui supportent mal le poids de l’histoire depuis des millénaires.

 

Sur son pupitre, elle remonte le temps contre vents et marées.

 

Elle se souvient, non sans nostalgie, de l’arbre qui l’a portée.

 

Elle était ce végétal, libre comme l’air, qui témoignait sous une autre forme, du temps qui passe …

 

Les souvenirs s’entremêlent, tout va si vite, de la branche à la scierie, en passant par la papèterie, pour finir prisonnière dans la spirale du cahier, entassé dans cette vieille librairie de la rue des copeaux.

 

La librairie Dubois, appartenant à Isidor Dubois et sa bien aimée Firmine Laradine, de son nom de jeune fille.

 

Tous deux,  heureux héritiers d’un oncle centenaire passionné par la sculpture du bois.

 

J’en oubliais le chat Hector de madame, qui se faisait un malin plaisir à signer de sa griffe les ouvrages poussiéreux, empilés dans la cave.

 

Que d’émotion rien que d’y penser !

 

Ce fut une époque moyenâgeuse.

 

Sans aucun droit, ni pour les anciennes, ni pour les jeunes coupures.

 

L’idéal, n’est il pas de tourner rapidement la page et de tout oublier ?

 

Enfin !

 

Oublier sans oublier qu’il faut toujours tenter de se rendre utile.

 

Plume, porte-plume, faites à votre guise et venez coucher sur mon papier les belles paroles enivrantes de la vie.

 

Plume, porte-plume faites à votre guise et venez « cracher »  sur mon papier les injustices de la vie.

 

Plume, porte plume faites à votre guise et n’oubliez pas le sacrifice de ma vie.

 

Mohamed TALEB



01/12/2012
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