Cité Blanche Gutenberg

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Un rêve devenu réalité

Je vais vous raconter un de mes plus beaux souvenirs de l'époque du bidonville.

Un souvenir qui ressemble à un rêve. Ce rêve a été possible grâce à deux femmes. Deux femmes qui se sont présentées chez nous au bidonville. Elles ont bravé tous les dangers : la boue, les planches, les ruelles sinueuses, etc... pour venir voir mon père. Elles étaient venues lui demander la permission de me laisser partir en classe de neige avec mes camarades. En effet, cette année-là, ma classe partait pour la Bourboule. Mais, chez nous, les filles ne quittaient pas le domicile familial, c'était même inimaginable surtout pour plusieurs semaines.

Ces deux femmes, parents d'élèves, sont revenues plusieurs fois à la charge et elles ont réussi, avec beaucoup de diplomatie, à convaincre mon père… j'avais sa permission pour partir en classe de neige!!

Ce jour du départ tant attendu arriva enfin et tombait en même temps que l'Aïd el Kebir.

J'ai passé toute la journée à m'occuper, comme toutes les filles de mon âge, de la tête du mouton

 (Eh oui les filles ! souvenez-vous, il fallait la "tchaw’atte" sur le feu, la laver et la couper! un vrai travail de boucher.)

Le jour de l'Aïd el Kebir au bidonville était un jour particulier, les hommes allaient et venaient, ils s'aidaient pour les moutons. De leur côté, les femmes partageaient le feu pour les grillades et autres brochettes de foie. Quant aux petits enfants, ils arboraient fièrement leurs beaux habits neufs.

C’était une journée de fraternité et de joie malgré le labeur qu'elle induisait : c'était l'Aïd.

Mais pour moi, c'était également le jour de départ pour la classe de neige. J'éprouvais un sentiment bizarre, j'avais hâte d'être dans le car mais une angoisse profonde m'envahissait, je n'avais jamais  quitté ma famille aussi longtemps. Peut-être avais-je peur aussi que mon père change d'avis au dernier moment.

Plus les heures passaient, plus mon cœur battait la chamade, mes mains étaient occupées à faire beaucoup de choses mais mon esprit était ailleurs… il était déjà sur les pistes de ski.

Si je me souviens bien, le rendez-vous était fixé à 21h devant l'école Voltaire. Je me revois encore toute contente, grimpant dans le car, agitant la main pour dire au revoir.

Après avoir voyagé toute la nuit, les paysages de cartes postales défilaient sous mes yeux d'enfant.

J’ai passé de belles journées avec mes amies sur les pistes de ski. Avec notre institutrice, nous avons fait de nombreuses visites, et le soir elle autorisait des veillées. C’était mes premières vraies vacances. C’était formidable pour une petite fille comme moi.

 

Rkia Souni



15/04/2013
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